Alien née
En sortant de la salle de dépressurisation, c'est la panique totale dans son corps, le grand bordel dans sa tête. Ca y est, il se sent trahi, il n'a pas tord. Son seul regret est de n'avoir pas su s'en rendre compte avant le cataclysme.
Son corps a changé et son cerveau l'a trompé en lui faisant miroiter des mirages de masques. Ca y est, il est devenu un monstre.
Jour après jour.
Au creux de l'insouciance, le monstre se dévelloppait en lui.
Maintenant il a prit tout la place et lui gonfle la peau. Le corps est un bibendum pret à exploser.
Il a peur de lui, c'est la panique. Il se sent si laid !
Sortie de douche, c'est une horreur. Habillement, c'est un supplice. Plus rien ne va. Il a changé, il l'a trompé, le corps. Ah ! s'il pouvait se laisser mourir, s'il en avait la force et le courage au lieu de toujours céder ! Une bile immonde lui chamboule la gorge, mais il ne peut pas vomir (non, ca serait beaucoup trop simple. Longtemps il se concentre pour vomir l'horreur insidueuse, mais elle ne sort pas. C'est attaché sous la peau, sur ses membres.) Dieu qu'il est laid !
Il faut tout arracher. Un peu de sang le calmerait, l'aiderait à entacher sa vie future d'une décision inébranlable. Minéral, il se dirige vers la cuisine pour prendre un couteau. Lentement, dans les tremblements, il remonte dans sa chambre. S'il le pouvait, il serait parti courir à toutes jambes jusqu'à s'en éclater les poumons, mais tout le monde dort et il est trop poli pour s'enfuir à une heure pareille. L'alternative brille dans sa main. cette nuit il ne pourra, de toute facon, pas dormir, son visage et son corps lui sont désormais trop infects pour qu'il puisse s'enfoncer dans le sommeil et se laisser fondre sous l'abomination de sa chair.
Avance le bras hors de ta manche que je le morde. La peau inacceptable se ramolli sous son couteau. Rien !
Ca ne marche pas, la chair ne fait que se plier douloureusement. En tirant et étendant de son pouce droit cette même peau vers son coude, tout l'avant bras a le cuir tendu. Du bout de l'index il appuie la lame. A plusieurs reprises.
Il est obligé de gratter, le sang ne vient pas, la douleur est là longtemps, pas le sang.
Dès que cela commence à être un peu coupé, une vague de chaleur se disperse de la douleur. Il en profite et force autant qu'il peut.
Plus tard il laisse la plaie saigner son soûl dans la compresse qu'il a coincée sous la manche de son pull (c'est encore plus serré, plus gonflé, mais au moins il a mal, la douleur pulse et extériorise).
C'est. Bon.
N'allez pas croire qu'il se sent mieux. Maintenant l'envie de vomir se fait plus violente, mais une sensation de justice le gagne. C'est sa vengeance sur son foutu corps de merde qu'il va laisser dépérir, pour la peine.
Du moins, c'est ce qu'il se dit. Je sais pour ma part que la panique n'est que passagère, et les résolutions qu'elle entraine également.