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Persona
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8 décembre 2009

Brève d'insomnie

Derrière les brumes mourantes d'un soir indéfini, à travers cette forêt de jambes mouvantes tranchées par les faisceaux lumineux, au son de la semelle dure et des muscles raidis frappent des coups répétés par salves et sacades contre les plaques malmenées de l'estrade.

C'est comme une déliciceuse tension nerveuse qui se glisserait dans votre moelle épinière après vous avoir malignement mordu le dos par zébrures ; c'est l'appel tambourinant des cordes saturées et grincantes sur le vaisseau damné qui librement flotte sur la tamise, au grès du courant noir illuminé aux projecteurs aiguisés. L'estrade flottante pourrait tout aussi bien parcourir des miles au son de la même musique, toujours les rats s'y cramponneront avec une avide violence. Les hommes (s'ils sont bien humains) culminent les eaux de marbre sombre en  répercutant la vibrante force de leurs échos, violentant leurs mains contre le métal des cordes avec une telle puissance infernale, qu'on la penserait n'existant que pour signer la venue prochaine de l'apocalypse. L'un d'eux chante tandis que tous font face aux ténèbres miroitantes, offrant à la nuit et la profondeur caverneuse et la claire fulgurance de sa voix entrecoupée du spasme de ses rictus incontrôlés, habité d'une entité de colère et de sourde langueur. 

En entendant seulement au loin ce long et douloureux appel au danger, on se crispe et s'envoûte, laissant les ondes dures de la voix nous submerger, nous élever vers l'écrasement titanesque de la puissance. Les cris des instruments déchiquètent l'air de lourdes menaces alors que toujours la jambe durcie frappe le plancher martyrisé, que de longes vociférations s'étirent à gorges déchirées vers le ciel fermé, hurlements livrés à la mort.

Londres. Londres appelle.

 

shadow

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