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Persona
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27 décembre 2009

Règlements de comptes.....

Un souffle nous parvient, étranger et blanc d'incertitudes.

Mais il semble que ce soit Paul, dans son grand corps maigre qui pleure de prendre tant de place et dont les membres longs et beaux effilochent les airs lorsqu'il marche, dont les yeux brûlants restent pudiquement baissés ou perdus dans l'ailleurs de ses tristesses, dont la bouche calme demeure pourtant toujours close.

Il a sur lui son paradieu, chapeau à larges bords planté au dessus de l'explosion chatain de ses mèches folles et de sa peau salie de poussière et de sueur. Sa taille dure est enfermée dans son étroit pantalon de cuir rapé, allongé par les talons de bois de ses santiags brunes et défoncées qui lui confèrent cette démarche raide de faucheux filiforme et martial. Avec ses grandes pattes, c'est un bon cavalier, mais son dos long le fait souvent souffrir en selle, Paul est encore trop jeune pour les longues chevauchées, mais quand on a un fils et pas d'argent, on a souvent pas le choix, et faut bien rentrer les bêtes le soir... Son père n'a pas les moyen de lui payer le médecin.

Nous le regardons parler puis lui nous regarde,  jette un coup d'oeil inquiet à son père pour essayer de savoir s'il n'avait pas dit de conneries. Le père reste immobile, les paupières plissées. Il ne l'épaulera pas. Mais Paul se tient toujours droit.

Comme personne ne l'avait vraiment écouté, trop choqués par sa soudaine prise de parole (en dix sept ans je n'ai pas vu ce gamin ouvrir une seule fois la bouche), il est obligé de répeter. Il a un drôle de voix claire mais basse, parle les dents serrées comme pour contenir une douleur. Pour sûr qu'il a été obligé de monter ce matin.

Une fois remis de nos émotions, nous nous entre regardons puis hochons tour à tour gravement la tête en signe d'approbation, certains effleurent pensivement la crosse de leur six coup généralement encore niché dans l'étui. Paul recule dans l'ombre et reste fixe derrière la barrière d'un rayon de soleil qui voile son visage d'une nuée de particules dorées et coule entre les plis de ses vêtements. Seule l'extrémité du bord de son chapeau émerge de cette cascade de lumière.

La voix de la raison ne parle pas souvent, mais sait se faire entendre. Il ne faut pas lui faire la sourde oreille.

Je me lève de ma chaise, dégaine et incite les autres à sortir. Ce jeune Paul a raison. c'est maintenant ou jamais, que ca nous plaise ou non.

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