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Persona
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6 juin 2009

Son écriture...

Je porte une main tremblante à l’épais filet dévalant le coin de ma bouche. Mon regard se noie ensuite dans les ruisseaux pourpres dévalant les sinuosités dans la peau de mes doigts comme un liquide velours. Le silence emplit mes tympans jusqu’à bourdonner en mon crâne, redondance spectrale du néant.

Je m’effondre vers un ailleurs qu’il m’est impossible d’identifier.

Le pas s’approche de toutes parts, résonne à mes yeux. Il n’est plus assez de force dans mes épaules pour ne point ployer sous la lourdeur puissante de l’air après que mes genoux ne se soient dérobés sous moi, je ne suis plus qu’ongles étirés vers la fixe poussière, les grains de terre vaporeux s’infiltrant entre mes phalanges, une griffe raclant la douleur de l’indicible par ces grandes inspirations avortées, remplacées d’urgence par les hurlements muets et chaotiques d’un corps éteint qui frissonne dans la chaleur brûlée de la terre couverte d’esquilles de plomb, ces même gouttes chutant du ciel diluvien sous Son seul commandement, le souffle glacé d’un mirage de raison.

Mon enveloppe se désolidarise de mon corps comme un acide rongerait à même la plaie ouverte, cuisante damnation dans l’innocence désenchantée d’un délire. Je ne peux pas encore m’enfuir de cette mue atroce, l’ignominieux masque humain au faciès blême de terreur, verdi par l’espoir recouvré et perdu, la folie déchiquetée à longues et lentes enjambées de certitudes absolues, de respectueuses craintes meurtrières au questionnement.

La vibration des foulées s’avance toujours à travers la lumière de notre ciel sans jour, imperturbable, perforant « ma ténèbre » dans l’humide orage déversant sa sève, cauchemar arborescent de l’union métallique des hommes à leur liquide écarlate éternellement exposé par Sa voix et Son pas salutaire. L’énervement cru de la chair suppliciée dans les tréfonds de ma pensée détruit comme la conscience humaine au sein de l’instinctif, je ne fais plus que répondre à l’appel, fasciné par cette force attractive dont je ne peux déjà plus me détacher, les ailes frémissantes et fragiles sous leur poudre de nuit. Ce pas que je sens vibrer jusqu’à mon insecte corps gisant c’est cette ampleur titanesque, le témoin de l’Entité Créatrice.

Comment définir son visage immatériel, apposer les limites de cette ombre mouvante ? Mon regard est aveugle est pourtant je le reconnais sans peine à travers la chape brûlante de la pluie qui étincèle à mes os : l’Infinité.

Il est l’ombre de réponses qui manquait à mon soleil de questions, le battement sourd de mon cœur vidé, les pulsations troubles dans mes mortelles veines. Lui, cet être inférieur à nous tous, pourtant au dessus même du commun des mortels, cet Auteur de nos vies pourtant peut-être déjà défunt ! Ma folie côtoie la paix dans ses prunelles troubles et acérées, cette nébuleuse transperçant la raison, dévoilant

la Vérité Universelle

; il est le Monde et bien au-delà car son absence est la mienne, la notre, et ma vie s’arrête sous son ordre.

Sous son écriture gravée à mon âme, flamboyant cautère.

M’inclinant pour mieux me redresser de terre avec lui, je sens le fil de mon âme vaciller alors que cette révélation s’impose à moi, m’apparaissant comme écrasante de prévisibilité alors que l’écheveau d’indices se noue enfin en Moi qui reste prosterné dans son élévation.

C’est Ce que certains nommeraient « dieu ».

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