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Persona
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21 décembre 2008

La venue d'un Démon...

Jenny la laissa donc entrer, non sans s’assurer que personne ne les surveillait bien sûr.

Après avoir fermé la porte le plus discrètement possible, elle remarqua que le Démon regardait, inspectait, furetait du regard toute la pièce. Jenny ne pouvait pas voir ses yeux sous l’ombre de son capuchon, mais il lui semblait que le moindre objet était scanné, disséqué.

Le Démon poussa une discrète onomatopée grognée et souriante, signe de sa satisfaction.

- C’est p’tit hein ? Bon posez votre cul, j’vous le dirais pas deux fois.

Frozen tira une chaise du dessous de la table et après un lourd regard, le démon s’y assit.

-Vos armes, sur la table, toutes.

-Je vous trouve bien méfiante, jeune fille. L’ennui c’est que vous ne fixez pas votre attention sur la bonne personne.

-La ferme ! Les armes j’ai di ! Siffla Jenny, tentant de se contrôler pour ne pas se laisser dominer par sa peur.

Après un lent soupir, la femme porta sa main à son dos pour y détacher une lourde faux de combat et la laisser se poser sur le bois avec fracas. Finalement, elle reporta de nouveau son attention sur Jenny.

-j’ai quinze autres armes en ma possession. Cela prendra des heures si je dois toutes les retirer, et plus encore pour les récupérer : vous feriez mieux de me lier les mains.

-Hors de question.

-Si je n’ai pas d’arme sur moi, je pourrai toujours vous lacérer avec ceci… ou même ceci, fit-elle en faisant cliqueter ses griffes d’un noir laqué puis en désignant le tranchant incertain de ses canines de vampire sous le tissu de son bandeau.

-Cela prendra des heures s’il le faut, mais je ne vous laisserais pas armée dans cette maison. Je sais très bien pourquoi vous voulez que je vous attache : pour que je baisse ma garde et que je me sente en position de supériorité. Je sais aussi que les liens ne tiendront pas longtemps s’ils sont sur vos poignets.

-Dans ce cas, permettez….

Le Démon se débarrassa de son manteau pour le tendre à son hôte qui refusa de s’en emparer avant qu’il ne touche le sol, et celle-ci dénombra dans les pans du vêtement au moins de quoi rendre riche un armurier. La jeune fille remarqua également que ses doutes quant à la présence d’une armure légère s’avérèrent justes : les épaulières, coudières, plastron et cote de mailles étaient bel et bien fixés sur le buste de la femme, de même qu’une quantité de petits couteaux de lancer semblables à ceux qu’Ahabjil portait sur ses avants bras étaient présents sur les flancs, les épaules et les poignets du Démon qui s’en délesta sans regret. Ses immenses ailes battant l’air avec régularité semblaient tout de même trahir une certaine impatience.

-Retirez-moi ça, fit l’élève en désignant du menton le ceinturon de la femme.

Le Démon ouvrait la bouche pour protester mais le regard que Frozen lui lançait lui fit brusquement changer d’avis. C’était ça ou la porte.

- Ca ? Bien sûr, je l’oublie toujours.

C’est vrai que cela ne ressemble pas du tout à une arme… Songea Jenny en posant un regard critique sur le morceau de métal effilé et tranchant.

Après une bonne dizaine de minutes, le Démon se retrouva totalement désarmé, même si Jenny en doutait fortement car elle le soupçonnait d’avoir caché quelque chose dans son pantalon, car il n’était pas assez seyant pour que l’on puisse y repérer du premier coup d’œil un couteau empoisonné ou autre et Frozen n’était pas assez expérimentée pour espérer pouvoir procéder utilement à une fouille corporelle... et a vrai dire elle n’avait aucune envie d’y coller ses pattes. Il en allait de même avec l’armure. C’était vraiment l’idéal pour planquer un bazooka tout autant qu’une aiguille.

-Je suppose que vous possédez encore pas mal d’armes sur vous. S’exposer désarmée, même dans un désert, serait une pure folie après tout.

-Vous semblez très avertie sur le sujet, remarqua le Démon en penchant la tête de côté.

-En effet.

Un ange passa allègrement, content de gêner au moins quelqu’un.

-Quel est l’objet de votre visite ? Demanda finalement Jenny qui avait fini par s’éloigner jusqu’à l’autre bout de la pièce, scrutant le capuchon comme dans l’espoir d’y voir un regard qui aurait pu la renseigner sur l’identité de la femme.

-Je peux le retirer si vous voulez. Ce n’est pas interdit et grand nombre de personne ont vu mon visage.

-Si ça vous chante mettez vous à l’aise, sauf si cela me vaudra de me faire crever les yeux ensuite par pure précaution... Répondez à ma question.

Tout en basculant sa capuche sur ses épaules puis en dénouant interminablement le bandeau qui lui cachait toute la partie basse du visage, la femme commença, libérant du dos de la main sa noire chevelure qui tombait sur ses épaulières :

-Je m’appelle Feryel Emora.

-Ma foi…Très joli…Un pseudonyme ?

-Bien entendu. Je suis chargée de venir vous avertir d’une ou deux choses à notre sujet. Premièrement, nous ne vous voulons aucun mal.

Frozen éclata de rire si brusquement que le Démon en sursauta, stoppant net son geste alors qu’elle commençait seulement à découvrir le haut de son nez.

-Vraiment ? Comme c’est rassurant… je conçois bien que ce ne sont pas vos intentions, mais en voulant me courir après vous m’exposez à de plus grands dangers, sans compter que vous rejoindre maintenant ne m’arrangerait certainement pas !

- Ces dangers dont vous me parlez là sont seulement le tiers de ceux que vous encourez vraiment.

-Que voulez vous dire ?

-j’en viens au deuxièmement : la dernière fois que je vous ais vue, vous étiez avec quelqu’un de très peu recommandable. C’est de lui dont je veux vous mettre en garde.

Frozen se taisait toujours, sachant pertinement de qui le Démon parlait mais Feryel se contentait de continuer à dérouler son bandeau sans un mot, tant et si bien  qu’elle finit par être entièrement découverte, laissant apparaître un visage des plus communs si ce n’était cette dentition si particulière.

Ses longs et lisses cheveux noirs avaient l'éclat froid propre à tous Démons, et ses canines étaient pareillement pointues, ses lèvres étaient pâles et minces, ce qui, combiné à un teint diaphane était déboussolant tant cela évoquait un vampire. Jenny sentit son poignet droit se crisper sur son arme devant cet air assuré, ironique d’Emora. Et puis…

-         Il vous suffit de voir mon visage pour comprendre de quel homme il s’agit. Après tout, c’est son œuvre…

La longue et fine balafre qui sillonnait sa pommette gauche, reliant sa tempe à son nez, gâchait la perfection simple du visage du Démon. Cela ne choquait pas des masses, et même si on grimaçait de douleur en pensant à l’effet que cela avait bien pu produire, la cicatrice complétait, en quelque sorte, le personnage et lui ajoutait un certain charme. Tout du moins était-ce l’avis de Jenny.

-         Il m’a fait ça avant de partir de notre groupe. Autant dire que j’ai failli y laisser des plumes.

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Commentaires
T
Yoh, cool ! C'est plein de mystère tout ca !<br /> J'aime l'ambiance. Vivement la suite !
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