La fatigue du Levrier
Un soupir forcé suivit le grognement étouffé qui remontait de la gorge de Jenny alors qu’elle se réceptionna au sol, laissant son corps se plier souplement jusqu’à avoir la jambe droite pliée devant sa poitrine, les bouts des doigts touchant terre et la jambe gauche tendue sur le côté.
Tout en époussetant ses mains sur son sweet alors qu’elle se redressait, elle siffla Roub pour lui indiquer qu’il pouvait se pencher légèrement de son côté. Au départ, David glissa doucement le long du flanc du monstre puis il bascula brusquement pour atterrir dans les bras de Frozen qui le maintint avec peine.
S’il était d’apparence maigre, c’était parce qu’il était extrêmement grand. Plus qu’Ahabjil même, mais Jenny sentit la dureté de sa musculature sèche et son poids excessif manquer de la faire tomber en arrière. Elle poussa un juron innommable et le soldat grinça des dents dans une excuse pitoyable :
-Désolé. J'tiens pas.
-Ca j’avais remarqué, grincha-t-elle en passant le bras gauche de l’homme par-dessus ses épaules et le siens derrière son dos.
Il vacillait. Homme fil de fer ne sachant que faire de ses membres encombrants. Escogriffe de plomb.
-Aller. Poussez un peu sur vos jambes bordel de merde ! C’est pas qu'j'vous trouve gros mais on peut dire que vous êtes pas une plume bon sang !
-Oh hé ça va hein ! Je pourrais vous retourner le compliment !
-Ouais, ben fermez-la en fait. C’était mieux comme ça.
Un grondement sourd et caverneux lui répondit et elle leva la tête pour s’apercevoir qu’il faisait une sorte de sourire, non, de rictus pour montrer ses canines à la manière d’un sale chien. Même vidé de toute énergie vitale, même les yeux fermés de douleur il continuait à faire peser une atmosphère angoissante sur l'Esprit de Jenny Frozen. Elle ne broncha pas et se contenta de mener l'ancien Démon dans la maison, ou elle l’installa sur une chaise face à la table non sans peine. Il poussa un soupir de fatigue et s'effondra sur le bois de chêne après avoir lentement vacillé. La table tint bon. Frozen souffla un grand coup en sortant de la masure, croyant qu'elle allait vomir tant son estomac se retournait en présence de ce sinistre personnage.
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