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Persona
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30 août 2009

les matins difficiles

Ce blog part en miettes.

Comme moi, cette espèce de biscotte humaine qui, à seulement quelques années, sent tout son corps ployer sous une étrange lourdeur de lucidité blasée et se met à craquer de toute la jeunesse pourrie de ses artciculations. Après une dure nuit de douze heures poreuses, je me lève au matin avec les cernes d'un cadre quadragénaire dont l'intensif emploi du temps trouve encore le moyen de lui user le cerveau entre deux vols Paris-Bosniwash et le col trop serré de sa cravate.

J'exagère.

Quoiqu'il en soit c'est dans la nébuleuse du réveil tardif que je gagne la cuisine afin de m'offrir le repas orgiaque que je n'ai absolument pas mérité. Sergann me talonne, comme toujours, faisant tinter tout son fatras métallique comme pour m'inciter à lui donner vie un peu plus souvent et l'humaniser un tant soit peu histoire de le débarasser des mauvais préjugés qu'on pourrait porter sur sa personne. Il n'est pas évident de beurrer un toast lorsqu'un personnage né de votre imagination vous regarde en chien de faience au dessus de votre paquet de céréales complêtes, qui plus est lorsque vous vous échinez à lui donner un visage, un aspect, une voix ou un charisme spécifique sans pour autant y parvenir depuis bientôt un an. C'est ainsi que l'adolescente un brin fantasque que je suis mâchonne pensivement les lipides et les glucides d'un petit déjeuner dont la silhouette moyennement corpulente n'a pas franchement besoin. C'est frustrant de toujours avoir l'Indice de Masse Corporelle moyen et jamais un peu en dessous,  contrairement à l'héroïne de ce foutu livre que j'essaye de gribouiller qui arrive pourtant à l'obtenir avec seulement un peu de depression chronique. Y'a vraiment que dans les romans qu'on voit ca, dans la vrai vie, on bouffe comme des porcs à la moindre petite déception : c'esttellement facile de nos jours de tendre la main pour avaler un petit sachet de deux-cent cinquante trois calories ou d'ouvrir un paquet de trois-cent-vingt-huit. Enfin, ca n'est pas vraiment mon cas : moi je me prive et me renferme sur moi même quand j'ai pas le moral, il n'y a que l'incousciance et le bonheur qui puissent me faire manger, c'est pour ca que je fais toujours la gueule... Pour éviter de trop gros dégâts. J'appellerais ca le "conditionnement".

Voilà mon sanguinaire préféré qui se met à tapoter du plat de ses mains puissantes et sèches sur ma table carrelée. Je sais ce qu'il pense. Il pense qu'il est temps que je recoive un bon coup de pied au cul. Qu'il soit encore en pijama ou non.

"-Oui, j'y penserais Sergann. C'est promis, ne t'en fais pas.

- Non tu n'y penseras pas. Et cesse de promettre, tu sais bien que tu ne tiens absolument aucune des promesses que tu fais à toi même où la matérialisation de ta mauvaise conscience, moi, en l'occurence.

- Je sais. Mais tu veras, aujourd'hui tout ca, tout ca changera ! Il suffit de tout oublier pour redessiner mon caractère. C'est à ca que tu sers, parce que sans toi, mon grand crétin, sans ton visage inventé je n'aurais plus de port d'atache. Alors ne t'inquiètes plus, je n'oublierais pas de parler de toi aujourd'hui, de te finir, de te modifier, de m'aider.

-J'aime quand tu m'insultes, fait-il d'une voix placide et monocorde, signe avant-coureur de son agacement proche.

-Moi aussi j'aime t'insulter tu sais."

Un soudain silence se fait où nous nous entre-regardons avec ce qui semble être de la bienveillance, je crois. Sous ses airs de brute égoïste, il n'est pas si insensible et il m'aide beaucoup, même si il préfèrerait se briser toutes les phalanges plutôt que de l'avouer. Le chevalier, son armure bousillée des coups que je lui ai infligés au cours de ses aventures, ses cicatrices, son visage barbouillé de poussière au milieu duquel éclate le sourire tranchant, s'évanouissent de ma cuisine pour me laisser seule devant mon bol de céréales. C'est nouveau, depuis environ un an que je connais cet énergumène un peu sauvage sur les bords, Il ne vient  me rendre visite que depuis un mois et quelques... Quand ca va mal, en sommes.

Ce que j'aime beaucoup chez lui, c'est qu'il ne se gêne jamais pour me foutre dans le nez ce qui dérange, et surtout le fait qu'il n'existe pas. Il est hors de la société, il est cette cuillère d'acier qui tranche dans le flot de céréales ramollies dans le lait de la médiocritée et compactées dans le cercle trop défini du bol, du monde. Et c'est mon esprit qui tient Sergann, c'est ma main qui tient le métal pour remuer le paquet grumeleux et humide flottant aléatoirement sous mes yeux. J'engrange la bouffe. J'ai envie de vomir alors j'arrête au bout de la quatrième bouchée, c'est trop mou pour moi, mais apparement pas pour le chien vorace qui se jette dessus avec de grands bruit de mastication spongieuse, clapotante.

On finira tous par se faire bouffer. Ceux qui passent entre les dents de La Divine Mâchoire restent sur les bords du monde et pourrissent jusqu'à être lessivés par Le Grand Lave-Vaisselle. On est serrés, on se ressemble tous, nous sommes tous périssables, nous sommes dans le même bain laiteux des problèmes qui nous imprègnent.

Heureusement que j'ai une cuillère pour les sortir de là.

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Commentaires
F
Hey :) Surprise!<br /> J'y suis allée volontairement. Commencons par les défauts : y'a des fautes de frappes! je vois pas où est la joie comme tu l'indiquais dans ton pseudo msn! et je comprends pas si tu parles de toi ou de ton perso! tu es toujours dépréssive ça me gave.<br /> Arretons de t'engueuler.<br /> Bon style, bon vocabulaire. Tu sais ce que tu fais (ou pas).
G
"il n'y a que l'incousciance et le bonheur qui puissent me faire manger, c'est pour ca que je fais toujours la gueule... "<br /> <br /> C'est une déclaration ? Quand on se vois on bouffe comme des porcs, on a même faillis ouvrir un resto' x)<br /> M'enfin t'inquiète pas, je viendrai te le mettre ce coup de pied au cul si il le faut ^^<br /> <br /> Euh sinon coté écriture, y a toujours autant de style. C'est tre bien construit. J'aime vraiment la relation entre toi et ton personnage imaginaire. Sa m'arrive aussi des fois. Bien joué ^^
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