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Persona
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21 août 2009

silence.

Un jour que la solitude me tourmentait au plus profond des méandres de mon esprit, je senti qu'il vallait mieux pour moi de parler un peu à un humain autre que ma propre personne, ainsi donc lorsque j'accompagnais le lieutenant Sergann à la levée des collets, j'étais plus prompte à discuter avec lui.

Il semblait serein et répondait à toutes mes phrases, entretenant la conversation comme il l'eut fait avec son égal, ne faisant aucunement mine de prêter attention à ma jeunesse. Il fit, d'un ton léger :

- Vous semblez avoir grandement envie de parler.

Je pris cela pour une de ses habituelles remarques désobligeantes, me souvenant tout à coup qu'il affichait toujours un air détaché avant de clore toute conversation. Devant mon soudain silence, Sergann s'arrêta pour me faire comprendre qu'il ne s'agissait que d'une observation. Intérieurement j'hésitais à reprendre la parole, mais je fis, de but en blanc:

-Oui. J'en ais assez de toujours devoir me taire. J'ai besoin de faire sortir beaucoup de choses.

-Eh bien je crois que c'est justement le moment. Nous sommes assez loin du campement pour que vous puissiez librement parler. Ce que je voulais vous faire comprendre c'est qu'une conversation aussi banale ne vous ressemble pas vraiment.

-Je... je vous ennuie ?

- Vous êtes plus interressante d'habitude. Pourquoi vous bornez vous à parler du temps, du gibier ? Dites ce que vous avez sur le coeur, je serais heureux d'en être le témoin, vous ne m'embêtez pas... Pas toujours du moins.

Sur ce, il me gratifia d'un sourire aimable, j'en fut stupéfaite. Le souffle coupé, je dû m'y reprendre à plusieurs fois avant de balbutier assez intelligiblement quelque chose sur le malaise qui m'habitait toujours en sa présence.

- Je le fais toujours consciemment. Je ne pense pas qu'il soit réellement bon que vous soyez en confiance avec moi en présence des hommes du groupe. Je m'excuse de cela, mais il en va ainsi. Il faudra toujours vous tenir sur vos gardes pour ne pas laisser de paroles s'échapper de vos lèvres. Ils découvreraient la supercherie et votre anonyma serait en danger.

- Ah. C'est vrai que je... j'ai parfois du mal à rester silencieuse.

Un instant ses yeux semblèrent fixer quelque chose par dessus mon épaule.

-C'est parce qu'il vous faudrait un support, une aide, fit-il pensivement. Je connais un moyen qui devrait faire l'affaire sans qu'il ne soit nécessaire de vous trancher la langue...

Sa plaisanterie ne me fit qu'à moitié sourire. Je le vit m'écarter d'un bras pour passer au devant de moi et se diriger vers un buisson de ronces fleuries dont il détacha une rose un peu fannée, encore couverte de perle de rosée. Il coupa la tige de celle-ci avec l'aide du tranchant de sa lourde épée qu'il avait à peine sortie de son fourreau à sa ceinture, se penchant légèrement de côté afin que le fil atteigne le végétal qu'il huma avec toute la noblesse dont était empreint son visage sombre et las.

L'homme me présenta alors la fleur en attendant que j'en respire le parfum. Incrédule, je le dévisageais longtemps avant de me soumettre à son expression brusquement autoritaire, plongeant le regard sur les pétales entrelacés.

Alors même que je commençais à sentir poindre sous mon nez l'odeur de la petite rose, Sergann donna un petit mouvement sec à son poignet de manière à ce que la fleur heurte mon nez dans une pluie de rosée et de pétales qui se détachèrent d'une manière si innattendue que je manquais pas d'en sursauter...

- Que... ?!

- Vous voilà à présent frappée de la rose du silence, fit-il en laissant la tige et ce qu'il restait encore de pétales tomber au devant de ses bottes. Il se mit à rire avec force devant mon air surpris.

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Commentaires
G
Il est pas si bougre que ca, ce Sergann ^^<br /> Continue, j'aime tes histoires
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